ÉLÉMENTS DE GÉOLOGIE PROVENÇALE

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à mes quilles

Promenade dans le massif crétacé des monts de Vaucluse...

Le point de départ est le belvédère de la "tête du soldat" au nord de la commune de Lagnes.
On peut y observer une structure anticlinale dont les 2 lits principaux sont séparés par un interlit qui est davantage affecté par la dissolution.

Tête du soldat
Structure anticlinale de la "tête du soldat", épaisseur axiale du lit supérieur = 40cm. Alt. 180 m

Le long du chemin qui monte au Nord vers la crête on peut trouver des fossiles (âge approximatif Aptien, -120 Ma, (1)

Rudistes
Fossiles, débris de coquiles de rudistes (avec filouche)

Dans cette partie des monts de Vaucluse, ce sont les étages terminaux du crétacé inférieur, épais de 1600 m qui affleurent. Le faciès urgonien se caractérise ici par l'aspect à débris récifaux. Orgon se situe à 15 Km de l'affleurement vers le Sud-Ouest.

Rudiste
Une valve de rudiste (?), dimension max. 2 cm

On peut trouver également de très rares fossiles de mollusques bivalves et, peut être, de brachiopodes. C'est donc une sédimentation marine de talus détritique récifal.

Dessication
Fentes de dessication, dimension max. de la plaque hexagonale à gauche = 10cm

Les fentes de dessication observées s'expliquent par la rétraction d'une boue argilo-calcaire lors de son séchage. Les polygones présentent des bords relevés caractéristiques. Cette boue qui contenait de petits galets indique que l'on se trouve là sur la bordure presque horizontale du talus et que cette bordure a été émergée puis à nouveau immergée. Hors du champ de l'image, cet affleurement contient un fossile de rudiste qui ne semble pas issu d'un remaniement. En effet, il est finement pris dans le ciment. Ces fentes se sont donc produites lors d'une émersion d'un rivage marin du crétacé inférieur terminal.
Ici la profondeur de la mer diminue au cours du crétacé inférieur pouvant aller jusqu'à une émersion temporaire.

Cette diminution de profondeur correspond à une progradation de la plate-forme urgonienne vers le Nord-Est.

Progradation

Cette progradation vers le Nord-Est précède un phénomène de même direction qui met en jeu la faille de Nîmes.

paléogéographie crétacé

Paléogéographie locale au Crétacé inférieur terminal d'après (2) modifié.

On remarque le décalage vers le Nord-Est de la plate-forme externe.

Pin
Pin d'Alep couché par le vent

Plus haut mais avant la crête, le fort vent (Mistral) incline les pins d'Alep dont le système racinaire est installé dans un sol très peu profond (décimétrique) et très peu argileux. L'arbre survit si il n'est pas complètement déraciné mais les branches, très basses sont dangereuses (Baisse la tête Christelle!)


Sur le sentier de la crête, on peut observer ves l'Est un affleurement érodé.
Les lits supérieurs constitués de calcaire en plaques décimétriques (A) ou centimétriques (B) sont très perméables aux infiltrations d'eau de pluie mais le lit inférieur d'un calcaire plus fin et plus compact est moins perméable. L'eau ressort donc au niveau de l'interface lit B / Lit C. Elle provoque une dissolution.

Erosion
Érosion différentielle par infiltration puis exsurgence. De la base au sommet = 2,5m

La dissolution localisée creuse et forme une baume. En grandissant plusieurs baumes se rejoignent ce qui réalise une cavité horizontale privant la partie supérieure de support. Ceci provoque un effondrement du lit supérieur et donc un recul karstique

Lichens et mousse
Peuplement hygrophile au niveau de l'interlit entre B et C. Coussin de la mousse = 4cm

Le peuplement hygrophile est composé de cyanobactéries, de lichens et de mousses.
Ce phénomène d'infiltration a aussi été observé sur le mur Est du vallon de Groubelle. On y a trouvé des fougères de l'espèce Asplenium ceterach.


Depuis le sommet on peut observer 3 vallées parallèles et globalement orientées Ouest-Est.
La plus proche est "la valette", la suivante vers le Nord est le "vallon du Sautet" qui mène à la "font de l'oule", une exsurgence au font d'une baume et la dernière la vallée close (Vau-cluse) qui donne le nom à la fontaine et au département.
La falaise dominant le goufre de Fontaine de Vaucluse n'est pas un miroir de faille verticale mais a été créé par le recul karstique du miroir de la faille indiquée sur l'image. Ce recul a été favorisé par l'abondante arrivée d'eau à cet endroit.
La fontaine de Vaucluse est la plus puissante source de France avec un débit moyen annuel de 17 m3.S-1 (3).

Belvédère
Vu depuis le Belvédère des Quilles le matin. Alt. 310 m (Attention Véronique! C'est haut!)

Sur cette dalle perchée à 310 m les pins sont petits (métriques) et la végétation est rare. On peut observer que le miocène, plus récent occupe la vallée alors que le crétacé inférieur, plus ancien forme les plus hauts reliefs. Le massif est resté émergé pendant tout le crétacé supérieur et le paléogène. La mer est revenue depuis le Sud au miocène (-20 Ma) en occupant les vallées crées par le jeu des failles du massif crétacé.

En redescendant de la "tête du soldat" par la route "touristique", on peut observer sur la droite l'entrée de la vallée menant à la "font de l'oule". L'"oule" désigne une marmite c'est à dire une cavité. Dans ce cas c'est une baume creusée dans la roche.

Fissure
La grande fissure et les baumes du "vallon du sautet" vu le matin de bonne heure.

Le premier bloc limité par 2 fissures et sapé par une cavité horizontale finira par s'effondrer.
L'inversion de l'étagement altitudinal classique de la végétation est apparent. (Bien vu Christina!).
On observe sur l'image un rameau d'olivier, au premier plan. Le niveau le plus bas était donc occupé par les cultures. Au second plan on voit une forêt de pins établie dans un cailloutis et enfin au sommet on voit quelques rares arbres peu développés.
L'ensemble des observations permet de comprendre ce phénomène. Sur les hauteurs les sols sont minces et secs car l'eau s'infiltre dans le sous-sol créant fissures et baumes. Les arbres y sont rares, souvent déracinés et le milieu surtout peuplé de quelques arbustes résistant à la sécheresse (Quercus coccifera). L'eau ressort plus bas et ruisselle sous le cailloutis. En conséquence les arbres, protégés du vent et alimentés en eau peuvent se développer. Enfin les argiles provenant de l'altération du massif se déposent au fond de la vallée ou dans les terrasses artificielles créant ainsi un sol profond et plus humide propice aux cultures.


Références: