Los Monegros
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A mis amigos de Perdiguera
Dynamiques
Pour une lecture rapide consulter le bilan de l'étude
Notion de climax: En écologie un climax est un état (théorique) d'équilibre dynamique de l'écosystème. Dans cet état la complexité du système est maximale et l'ensemble des ressources (énergie, matière) est utilisé au maintien de l'état d'équilibre.
Les climax sont décrits par les associations végétales ou d'autres producteurs primaires qui sont à la base des transferts énergétiques. L'étude des associations végétales permettant de caractériser l'état d'un écosystème est la phytosociologie.
L'écosystème peut être déplacé de l'état d'équilibre par un changement climatique, un incendie ou par des interventions humaines...
On observe ensuite à partir d'un état régressé de l'écosystème un retour progressif spontanné vers l'état climacique.
Tableau 1: Dynamiques des écosystèmes des Monegros adapté d'après (2)
Les étapes extrèmes (1 et 4)
L'étape 1: Le stade régressé.
Lichen, peut être Gyalolechia fulgida, sur substrat instable après un incendie par négligence (Août 2022).
Les lichens sont les premiers à se développer sur un substrat initialement abiotique. Ce sont des organismes pionniers. Ils forment ici une couche protectrice qui limite l'érosion et fixe la matière organique. On observe aussi une teinte verdâtre attribuable à des algues ou à des cyanobactéries. Cette association végétale constitue le niveau le plus dégradé de l'écosystème (étape 1 ou même 0).
L'étape 4: Le stade climax (?).
On trouve aussi des zones préservées. Les exemplaires reliques donnent une idée de ce que devait être le peuplement végétal sans intervention humaine.
Ils constituent une source de graines à partir desquelles un repeuplement naturel est possible.
Exemplaire âgé de J. thurifera. Barre 10 m approx. (Août 2022).
Exemplaire âgé de Q. ilex. Les personnes donnent l'échelle. (Août 2022).
Dans les zones préservées, la strate arbustive présente des exemplaires de Rhamnus lycioides (Rhamnacée), l'argousier épineux de méditerranée.
Rhamnus lycioides (Rhamnacée). Les fruits mesurent 3 à 5 mm (Août 2022).
L'argousier épineux est très bien adapté aux conditions sèches. Il est résistant au pâturage et peu même constituer une espèce pionnière en s'installant sur des substrats très dégradés.
Aspects de la régénération:
Le mont
Cette partie correspond aux étages B et C du tableau 1.
Aspects de la régénération dans les Monegros vu le matin (Août 2022).
Sur l'image on peut distinguer 3 zones:
a- Un flanc de talus à forte pente et orienté vers le sud. Ici le couvert est un matorral clairsemé. Les conditons sont difficiles et peu propices à la régénération du couvert.
b- Un flanc de talus à faible pente et orienté vers le nord. Les conditions permettent la régénération d'une pinède de jeunes arbres avec une densité forte.
c- un flanc de talus orienté vers le sud mais avec une faible pente; On y observe un matorral dense qui constitue un couvert fermé.
La régénération (dynamique progressive) a donc lieu mais la cinétique dépend beaucoup des conditions, principalement du ruissellement, de la stabilité du substrat et de l'exposition.
Régénération autour d'un abreuvoir. (Août 2022).
L'image montre un autre exemple de régénération (dynamique progressive) cette fois autour d'un abreuvoir. Le trait interrompu indique une limite sous laquelle on observe de jeunes genévriers. Au dessus du trait les arbres sont plus âgés. Il peut s'agir de 2 étapes dans la régression du pastoralisme. Dans l'état actuel le piétinement et la consommation sont limités donc de jeunes arbres et des buissons peuvent se développer.
Remarque: Si le couvert se referme, il est possible que ce point d'eau disparaisse puisque son remplissage est assuré par ruissellement. Or ces points d'eau sont aussi utilisés par la faune sauvage (Escuer C. 2020 (9- n°64)). Leur disparition peut donc conduire à une diminution de la biodiversité globale en faisant disparaître une zone humide.
L'écosystème du mont (étages B et C) est donc clairement dans une dynamique progressive de retour vers un climax arboré.
L'humain devra intervenir pour préserver la diversité des sous-systèmes, par exemple en entretenant les points d'eau.
La plaine vallonnée au Sud
Cette partie correspond aux étages A et D du tableau 1 et a été moins observée.
On retrouve la succession des étapes mais ce sont des passages latéraux qui peuvent correspondre à des conditions pédo-climatiques différentes.
Cette partie des Monegros a fait l'objet de reboisements à haute densité (pins d'Alep). Néanmoins dans certaines zones le reboisement a échoué, les arbres sont chétifs ou absents.
Passage latéral et reboisement. (Août 2022).
Au premier plan sur le talus caillouteux on observe des végétaux steppiques (Lygeum spartum) et au second plan un champ de céréales moissonné.
À l'arrière plan on voit le passage latéral.
a- Zone boisée dense qui peut correspondre au climax de l'étage A (pin d'Alep, Q. coccifera) mais issue d'une reforestation.
b- Zone boisée à faible croissance végétative
c- Zone de matorral ou de steppe sans arbres notables (étape 2 ou 3 de l'étage A).
Les 3 zones ayant à peu près les mêmes pente et orientation, un élément d'explication pourrait se trouver dans le sol.
- La composition peut différer (argiles gypsifères / calcaire)
- Il peut exister un gradient de colonisation du sol par des champignons mycorhiziens sans lesquels les arbres ne peuvent se développer. Ces champignons sont eux mêmes dépendants des conditions physico-chimiques du sol et l'association Champignon-Plante est spécifique.
Ainsi malgré des interventions humaines favorables, on observe ici la lenteur de l'évolution progressive de l'écosystème.
Dans cette zone l'affirmation de Braun-blanquet et Bolós, 1957 (2) peut être valide.
Au fond des vallons de cette partie des Monegros, l'eau de ruissellement s'accumule. Elle contient des sels dissous de sulfate et carbonate de calcium.
Passage latéral du matorral à la roselière. (Août 2022).
Le passage latéral est ici marqué par le dénivelé, l'humidité et l'interaction avec l'agrosystème.
-a surface steppique aride passant à un matorral clairsemé lorsque la pente augmente puis de nouveau à une surface steppique.
-b surface sub-horizontale correspondant en partie à une surface cultivée colonisée par Salsola kali, plante tolérante à la salinité et en partie à une steppe à gypsophile (Gypsophila sp.) en contact avec la roselière.
-c la roselière, milieu constamment humide. L'arbre au centre de l'image est un tamaris.
Bien que les tamaris soient rares, on peut considérer que la roselière est en équilibre climacique puisque son développement semble principalement contrôlé par le volume des précipitations.
Le peuplement de la surface b résulte en partie de l'interaction avec l'agrosystème. On peut encore considérer qu'il s'agit d'un climax en intégrant les pratiques agricoles comme un facteur du milieu.
Le talus aride montre peu de signes de dynamique progressive. On peut néanmoins y observer quelques genévriers de petite dimension. On ne peut donc pas clairement dire si il s'agit d'un nouvel état climacique ayant l'aspect d'un état arboré régressé (étapes 2 ou 3 du tableau 1) ou d'une étape dans une dynamique progressive.
Cette image illustre aussi la très grande diversité écosystémique des Monegros puisque en une centaine de mètres se côtoient des écosystèmes steppiques arides différents et une zone humide.
Vers un bilan en réponse à la problématique.
Références: